Pourquoi ai-je écrit ces lignes que vous êtes aimablement en train de lire ? (à défaut de pouvoir les sniffer…) Pourquoi écrire ? Qu’est ce qui pousse un anonyme à coucher sur le papier ou sur la toile des mots universels qui deviennent ses mots, ses ressentis, ses émotions, ses délires, ses blessures, ses fantasmes, sa vie, ses souvenirs.
Ecrit-on pour soi ou pour avoir des lecteurs ? Si l’on écrit pour soi et rien que pour soi alors on ne crée pas un blog et on n’essaye pas de se faire publier.
Bien sur on peut écrire comme on peut aller à la pêche , au cinéma ou créer des bijoux : l’écriture comme un loisir, un passe –temps, une façon de traquer l’ennui en somme. On peut imaginer un écrivain doué pour les mots et qui décide d’en faire un boulot sans jamais rien révéler de lui même…mais c’est illusoire.
Ecrire pour soi est avant tout une thérapie, on peut se lâcher, gueuler, s’exprimer, se déculpabiliser…mais pour que la thérapie fonctionne je crois qu’on a besoin du lecteur.
Jean d'Ormesson dit « écrire c’est inventer avec ses souvenirs ». Cette jolie définition fait le lien entre écrire pour soi et écrire pour les autres : à soi on n’ a pas besoin de raconter des histoires mais aux autres….
Mais pour quel autres les écrivains écrivent-ils ? Pour leurs intimes, leurs amis, leurs amours, leur public, les anonymes, le plus grand nombre ? Si on écrit pour ses lecteurs, pour avoir de l’audience en quelque sorte on risque d’être moins sincère.
Et si on écrit clairement pour être lus, quel en est la finalité ? On attend quoi de l’autre ? Qu’il nous comprenne, qu’il nous découvre ? Quel genre d’écho vient-on chercher chez l’autre ? Un simple partage de ses propres émotions ou plus si affinités ?
Et si l’écrivain cherchait à recevoir de l’amour ? Et si ses mots étaient formés de lettres d’amour ?
Franchement pour moi le plus beau cadeau que l’on puisse faire à quelqu’un est de lui écrire un livre qui ne sera jamais publié, rien que pour lui (idem pour une peinture d’ailleurs). En tant que lecteur j’aimerais tellement recevoir ce cadeau là. En tant qu’être humain j’aimerais arriver à offrir ne serait ce qu’une petite nouvelle…
Pour terminer, je suis tombé sur cette phrase de Roland Barthes (j’ai pas encore pris le temps d’aller voir de qui il s’agit exactement, je connais le nom mais après…) et c’est cela qui m’a donné envie d’écrire cet article :
« Savoir qu’on écrit pas pour l’autre, savoir que ces choses que je vais écrire ne me feront jamais aimer de qui j’aime, savoir que l’écriture ne compense rien, ne sublime rien, qu’elle est précisément là où tu n’es pas, c’est le commencement de l’écriture »
C’est un peu déprimant comme vision mais je crois qu’écrire pour être aimé de ceux qu’on aime est humain…
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