Nouvel épisode des plumes de l'été avec les mots débutant par S: Sauvage – sourire – souris – saison – sagesse – sébile – surprenant – soulever – souvenir – salutaire – sadique -saumon – soie. Et salive ou saliver.
Pas beaucoup d'idées pour cette édition...alors j'ai fait court et O.S. pour le premier texte, court et kleenex pour le deuxième.
Julius et Justine.
Julius n’est ni un sadique, ni un pervers, ni un obsédé sexuel : juste un chaud lapin irrémédiablement attiré par le terrier de Justine. Cette souris le rend marteau avec ses jambes de déesse, ses seins de cantatrice et sa bouche pareille à une guimauve en forme de cœur.
Il faut dire que la première communion de la belle n’ést plus qu’on lointain souvenir et que Justine adore les jeux sexuels imaginés par le seigneur Julius, parfois surprenants, jamais sauvages, souvent exquis. Entre eux, jamais de saison morte pour les séances de dévotion charnelle à visée extatique.
Toutes les études scientifiques le prouvent, l’acte sexuel est salutaire pour l’âme et l’espérance de vie des partenaires consentants.
Ainsi, depuis que Justine s’ést ornée d’une croix tatouée parallèlement à l’embouchure de son estuaire, Julius a débuté sa période "mystique sexuel". Le voici devenu croyant : Justine est la sainte qu’il touche, la divinité accessible, l’idole de ses plaisirs.
Julius aime que Justine se pare d’un voile, d’un lourd crucifix aimanté par le creux magnétique de ses seins, et d’une simple robe courte et noire, qu’aucun dessous de soie couleur saumon ne vient contrarier.
Justine prend alors un sourire aguicheur et ingénu et fait mine de se mettre en prière.
Julius salive en pensant au moment où Justine lui offrira sa sébile et son Ostie mais il a la sagesse de ne pas se presser. Il caresse doucement sa belle, en soulevant la robe futile et noire, attendant le consentement de Justine pour s’immiscer .
Alors Justine se cambre imperceptiblement : c'est la confirmation qu' elle est prête à communier solennellement avec Julius.
Ainsi va la vie de ces deux mécréants : seul le confessionnal pourrait encore sauver leur âme pécheresse…mais je vous laisse imaginer ce qu’ils y feraient ! Que voulez vous ces deux- là ont opté pour des instants réels de paradis sur terre…
Luc et la sirène
L'été est la plus auvage des saisons pour l'ennui et le souvenir mélancolique de ceux qui manquent à nos coeurs cousus de fil de soie made in China. Luc le sait pourtant, le temps gomme tout comme un professeur sadique efface son tableau noir après avoir humilié un élève indiscipliné.
Aujourd'hui l'océan est fantastique. Luc est poisson et il vient de faire l'exact contraire des saumons : eux rejoignent le lit de la rivière ou ils sont nés, lui est revenu sur la jetée où il est mort.
La sagesse aurait sûrement pu lui dure que la sébile était pleine, qu'il fallait partir, n'importe où mais ailleurs, la fuite est salutaire. Mais il n'y a pas d'ailleurs : c'est très surprenant mais même sous les cocotiers le chagrin ne rougit pas, il reste gris, opaque, caverneux.
Luc est là, près du petit phare et les sourires des enfants salivant à l'idée d'une bonne glace sur le port ne le réchauffent pas.
La brise marine soulève la longue robe bleue d'une souris verte...elle est si jolie qu'on dirait une sirène sans son chant...ses yeux limpides laserifient Luc...il ne la voit même pas. La force n'est plus avec Luc.