Voici ma participation aux plûmes de l'année, édition des mots commençant par L. Il fallait utiliser : lumière, liberté, lutter, lamentable, larmoiement, loup, lardons, lune, lanterne, lointain, lupanar,loustic, légèreté, loufoque, luciole et lutin.
Ce texte est la suite d'Hector, que vous pouvez lire ici:Hector
Justine détestait les soirées du 31 décembre, ces soirées imposées par le calendrier passées à lutter contre l’ennui en buvant du mauvais champagne pour donner une impression de légèreté à un moment qui ne s’y prêtait guère : rien de plus que la célébration d’une année de moins à vivre...
Ce soir, n’ayant aucun prétendant à se mettre sous la couette, tel un pauvre loup privé de petit chaperon rouge, elle s’apprêtait à passer la soirée en tête à tête avec son âme. C’était le prix à payer pour garder sa liberté de jeune femme, elle qui ne voulait plus s’engager dans une relation amoureuse stable.
Dans l’après midi, elle avait croisé Hector, son voisin libidineux qui passait son temps à lui reluquer le postérieur et qui devait abuser de pâtes aux lardons étant donné sa bedaine de taille xxl.
Et là, prise d’un accès de folie, elle l’avait invité à passer la soirée du réveillon chez elle, préférant utiliser son propre appartement au probable lupanar de son voisin.
Hector faillit s’étrangler devant l’invitation de Justine mais il accepta sans hésiter.
De retour chez lui, il se lava, se parfuma, mis son plus beau pull jacquard et sa cravate parsemée de petits lutins multicolores. Il aurait bien offert un livre à sa voisine dont l’érotisme loufoque n’avait d’égal que la clarté de ses yeux.
Mais le seul qu’il avait était celui de Julien Lepers, son mentor, consacré à l’écriture sans fautes d’orthographe (1).
Il arriva donc chez Justine les mains vides et le cœur battant sa lamentable chamade pour un homme de son âge.
Une conversation improbable s’engagea entre les 2 tourtereaux dès 22 heures, autour d’une collation arrosée d’un bon Sauternes.
Sans rien dire, l’un et l’autre appréhendaient le moment du traditionnel baiser, dans 2 heures exactement.
Mais de baiser il n’y eut point.
Vers 5 heures du matin, à la faveur d’une coupure de lumière, Hector et Justine se tenaient l’un contre l’autre sur le balcon éclairé par la pleine lune, rendant inutile l’utilisation de la lanterne tempête à laquelle Justine tenait tant.
Ils n’avaient tout simplement pas vu l’heure passer car ce crétin d’Hector et cette pin-up de Justine avaient en commun le plus universel des maux, un lointain chagrin d’amour qui les rapprochait. Hector avait en effet perdu il y a 15 ans la femme qu’il aimait et il n’avait plus jamais retrouvé l’amour. Quand à Justine, elle collectionnait les aventures sans lendemain pour oublier que l’amour de sa vie l’avait quittée pour une autre, comme la tempête aujourd’hui emprisonnée dans sa lampe quitte parfois un océan pour un autre.
Et c’est dans ce larmoiement complice que s’acheva l’étrange réveillon d’une luciole et d’un loustic.
(1) en vente dans toutes les bonnes librairies mais personnellement, je préfère continuer à faire des fautes…
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