Huitième livre en compétition pour le prix littéraire des hebdos en région : « la confusion des peines » de Laurence TARDIEU.
On reproche souvent aux écrivains d’être nombrilistes et de faire de leurs écrits une véritable thérapie personnelle, ce livre s’inscrit dans cette ligne et tant mieux, j’aime de genre de démarches.
Laurence Tardieu raconte avec 10 années de recul, comment elle a vécu l’année 2000, où son père, un homme jusque là adulé et irréprochable en apparence, est condamné à 2 ans de prison ferme pour corruption. La même année sa mère meurt en quelques mois d’une tumeur au cerveau.
La confusion des peines s’adresse à son père, c’est un appel à communiquer, à partager avec lui, à enfin sortir du mutisme et du silence familial autour de ses événements tragiques.
C’est un témoignage d’amour aussi entre deux êtres qui n’arrivent pas à se dire qu’ils s’aiment, un témoignage sur un pan entier de vie qui s’écroule et la renaissance qui l’accompagne, c’est le deuil d’un père (bien plus que celui de la mère) et la possible découverte d'un autre.
S’adressant à son père : « Tu fais partie de ces êtres qui sont surtout ce qu’ils ne montrent pas, ce qu’ils ne disent pas, ce qu’ils n’exposent pas. Lorsqu’ils vous quittent ils laissent dans leur sillage quelque chose de puissant qui va bien au-delà de leurs paroles ou de leurs actes. Ce sont des individus terriblement attirants car face à eux on n’a qu’une envie, passer de l’autre côté, celui de l’ombre, du trouble, pénétrer les terres secrètes »
C’est une thérapie car pour la première fois de sa vie, l’auteur ose regarder son père droit dans les yeux et s’affranchir de son emprise sur sa vie de femme. Elle dit elle-même vers la fin du livre qu’enfin elle n’est plus une fille mais elle est devenue une femme après avoir réussi à écrire ces mots.
On sent que ce livre a été difficile à écrire, il y a beaucoup de redites et de répétitions, c’est assez brouillon mais totalement sincère, émouvant, intelligent et le sujet est quasi universel, tout le monde peut rapprocher son histoire familiale de celle relatée pat Laurence Tardieu.
Le style de l’auteur est assez percutant, des phrases très longues ponctuées de mots simples et forts séparés par des virgules à répétition.
De jolies métaphores sur le vie : « la vie n’est qu’une série ininterrompue de sauts qu’on essaie de rendre le moins maladroit possible afin de ne pas déclarer forfait et de pouvoir continuer, et peu importe où on saute, peu importe comment on saute, l’important c’est de pouvoir poursuivre ».
Des aphorismes dont celui-ci : « la générosité finit souvent là où commence la mise en danger de soi : chacun sauve sa peau » Que ces mots sont vrais...
Pour terminer une définition de l’écriture : « Ecrire c’est aussi tenter de mettre en ordre ce qui dans ma vie l’était si peu, avoir l’illusion de triompher sur le désordre ».
Ce livre n’est pas un coup de cœur mais simplement un vrai beau livre qui vient du cœur et qui m’ a parlé.