« Les cœurs en skaï mauve » est le deuxième roman de Sacha Sperling, publié à 21 ans.
Son premier livre, "Mes illusions donnent sur la cour " a été un grand succès en France et à l’international, Sacha Sperling avait 19 ans.
J’ai vraiment aimé cette histoire d’amour entre deux paumés, Jim, qui ne rêve que d’Amérique et d’autoroute et Lou, qui ne rêve que d’un garçon différent des autres. Jim la fait rêver, un rêve américain qui prendra l’eau assez vite.
"Les cœurs en skaï mauve" est un mélange de « Sur la route » de « Bonnie and Clyde » de « Sailor et Lula » et de « 37.2 le matin de Philippe Djian » à qui Sacha Sperling emprunte le titre de son roman.
Certains y verront peut être un exercice de style, une histoire d’adolescents qui n’apporte pas grand-chose de neuf. Moi j’y vois une histoire poétique et mélancolique et le style de l’auteur m’a vraiment emballé. J’ai l’impression qu’il écrit d’un trait, sans aucune correction, avec une fluidité parfaite. J’ai été comme en lévitation pendant toute l’histoire, je me suis fait happer par son univers et par ses mots, il m’a touché, ses personnages m’ont émus.
C’est une vraie belle découverte et j’ai maintenant hâte de lire son premier roman.
Voici trois passages qui m’ont parlés…
Jim : « je roule parce que j’aime ça. Je cherche à aller nulle part. Je regarde les gens qui ont des tas de chose à faire. Je les vois rêver en silence. Ils veulent exister tellement fort…ça me donne envie de me casser très loin. Tu vois, y en a qui ont oublié qu’on n’est pas là pour très longtemps. Eux ils s’installent comme ça, comme si c’était pour l’éternité ».
Jim : « Arrête de bad tripper. Je préfère quand tu fais des bulles avec les Malabar. Tu sais, moi je suis fort…mais toi…toi t’as bouffé des aimants et je suis attiré comme un con. J’y peux rien. C’est magnétique. Comme l’aiguille d’une boussole qui pointe vers le nord. Moi c’est toi que je pointe. Je suis le papillon tu es l’ampoule, et c’est monstrueux le plaisir que je prends à me faire cramer. Lou tu sens les souvenirs d’enfance, la plage et le paprika. Et moi ça me rend dingue ».
Jim et Lou : « quand ils arrivent sur la plage, l’orage s’est arrêté. Le soleil est comme un impact de balle. Le sang coule le long de l’horizon. Ils s’assoient sur le sable humide, se serrent dans les bras, s’oublient dans l’observation du soleil qui disparaît. Pas de rayon vert. Pas d’apocalypse. Il dit:
- c’est rien un océan à traverser.
Et il y a tellement de tristesse et de résignation dans sa voix que Lou ne peut s’empêcher de poser sa main sur la sienne. Leurs doigts s’enfoncent dans le sable.
- Dis-moi ce qu’il y a de si extraordinaire de l’autre côté?
Il regarde droit devant. Je sais pas. Tristesse, résignation. Il ferme les yeux.
- Je ne rêverais sûrement plus si je savais ».
Ces images naïves et mélancoliques me plaisent et Sacha Sperling, chouchou de son éditeur (Fayard) n’a pas fini de nous faire rêver à sa guise…
« Les cœurs en skaï mauve » est en compétition pour le prix Mind The Gap 2013.