Voici mon texte pour la nouvelle édition des plumes de Miss Aspho, qui nous propose aujourd'hui le thème de la ville.
Les mots du jour : Voiture, rue, immeuble, abeille, théâtre, anonymat, animation, pavé, visite, parc, asphalte ou bitume, (asphalte ayant été donné il y a 3 semaines), bus, fuite, flâner, embouteillages, urbain, gare, cohue, chuter, constant ou constance.
Je n'ai pas utilisé le mot " Hôpital" puisque nous pouvions laisser un mot de coté.
Vue d'en haut...
Lorsque les abeilles bourdonnent avec constance dans mon cerveau bétonné par tant d’années de fuite, je sors sur les parties extérieures de mon appartement.
J’habite au dernier étage d’un immeuble cossu de la capitale.
A l’Est, le balcon de mon habitation donne sur un parc où les voitures n’ont pas la possibilité de disséminer leurs embouteillages névrotiques.
A l’Ouest, la terrasse donne sur le duplex d’une jeune femme mystérieuse.
Souvent je la surprends en tenue plus que légère en train de caresser sa solitude urbaine dans le sens du poil (au temps révolu où ce malotru pouvait encore batifoler sur les interstices de son corps de naïade).
Je ne sais pourquoi, mais sa féminine volupté ne peut atteindre son paroxysme qu’avec un livre ouvert à portée de sa deuxième main…
J’ai toujours eu une vision étriquée de l’existence, la mienne en particulier, mais la longue vue cachée dans ma haie sur la terrasse, m’offre une acuité de vision des plus performantes et j’avoue me régaler de ce spectacle délicieux.
Alors que mon balcon donne sur le balai hebdomadaire des visites des mères de famille et le chapelet dominical des familles amères, ma terrasse regarde cette alcove intime dont les ouvertures réchauffent mon ventre racorni par le temps.
Je passe de l’animation de ma terrasse, théâtre de bien des émois qui ne supportent aucune entracte, aux scènes reposantes des jardiniers agrémentant de fleurs les allées rectilignes parcourues par une masse qui ne sait même pas qu’elle meurt peu à peu, comme un poisson dans sa nasse.
Les optimistes diront que ce n’est pas de chuter dont il faut avoir peur, mais de toucher terre. Le toucher nécessite un certain doigté, j'en conviens aujourd'hui.
Oui mais voilà, le week-end ma mutine voisine n’est jamais là. Alors je rejoins l’anonymat des rues, la cohue des touristes défilant au pas de course dans leurs bus décapotables.
L’asphalte agrémenté de pavés industriels n’est jamais qu’on goudron qui a mal tourné, comme le bitume qui aurait pris une biture...
Alors, pouquoi ne pas courir à la gare, acheter un aller retour et passer mes week-end à la campagne?
A quoi bon, le bocage n’est jamais qu’un autre marais-cage...et puis le dimanche soir vers 21h15 ma voisine est de retour !
Alors en attendant de pouvoir reprendre ma vigie frénétique , je flâne, je marche dans les rues car " j' veux plus rentrer chez moi : je n’aime pas les sous-marin" !
PS : la dernière phrase est un clin d'oeil à Michel Polnareff.