« This is a not a love song » est la troisième roman de Jean-Philippe Blondel que je lis en quelques mois…et je ne suis jamais déçu par ses mots. Ce livre faisait partie du Swap de printemps.
Voici le point de départ de l’histoire : La quarantaine conquérante, marié à une fille de la grande bourgeoisie britannique, Vincent dirige à Londres une chaîne de restauration en plein essor. Pour cela, il a dû fuir : la France et sa province engourdie, ses parents et leur pavillon 'qui craint', son frère et sa vie étriquée, et surtout son meilleur ami, dont il n'a plus jamais pris de nouvelles. Jusqu'à ce mois de juillet où il revient dans sa ville natale pour un séjour d’une semaine en solo dans sa famille…
Ce livre dresse le portrait d’un homme contraint à l’exil par l’étouffement familial et une enfance ratée et qui lors de son retour, va devoir se confronter à la vérité, celle qu’il a fuit jusqu’ici. Et la force du livre de Blondel, est cette quête de vérité, sans concessions ni fioritures.
On retrouve les thèmes habituels chez Blondel de l’amour (notamment le trio), l’amitié, le renoncement, la solitude…et comme souvent on arrive facilement à d’identifier facilement à l’un ou à l’autre des personnages.
J’avoue avoir eu du mal à rentrer dans le premier tiers de l’histoire, « This is not a love song » me semble moins fluide et percutant que « Accès direct à la plage » ou « Et rester vivant ».
Il reste le style de l’auteur, à la fois touchant, sobre, vif, par fois drôle et toujours ancré dans l’humanité.
« Parfois, les enchaînements d’une existence manquent de fluidité et de cohérence. Il y a comme une sorte de fatalité à l’œuvre qui fait qu’on ne peut rien pour les gens qui vous sont le plus proches. »
« Quand le danger menace, quand les questions sont trop nombreuses. Courir. Sentir les muscles se crisper parce qu’ils n’ont pas été sollicités depuis des années…le cœur qui se met à battre plus fort dans la cage thoracique. Courir et vider les images et les phrases qui peuplent la mémoire. Courir et se dire qu’il fait chaud. Courir et se sentir vivant.»
« Est-ce qu’on reste responsable des gens avec lesquels on a vécu, une fois que notre histoire commune s’est terminée ? Est-ce qu’on se doit d’accompagner ceux qui nous ont accompagnés, doucement, jusqu’à la porte de sortie de notre existence pour que leurs fantômes ne vienne plus jamais s’interposer ? »
« Elle parvenait à prendre des vessies pour des lanternes et sa maison pour un havre de paix. Sa famille pour un agglomérat cohérent d’êtres humains aimants et tolérants. Papa est en haut qui fait du gâteau. Maman est en bas qui fait du chocolat. Le grand frère et sa belle-sœur sont à la cave et baisent dans les betteraves. »
Ce que j’aime chez Blondel c’est sa quête vers l’humain, la vérité et sa façon de faire éclater les conventions et l’hypocrisie, particulièrement au niveau familial et sentimental.
A découvrir si vous ne connaissez pas cet auteur, " This is not a love song " est parfait pour les vacances !