Ceci est la mise en garde de Charlotte Brontë à son amie intime Ellen Nussey, qui s’était éprise d’un certain Mr Vincent et s’était confiée à Charlotte…lui demandant si elle devait l’aimer à la folie ou l’épouser.
A cette époque, Charlotte ne rêvait que de vivre un amour passionnel, écrivait des histoires où la passion débridée s’exprimait pleinement, mais ne l’avait pas encore rencontrée dans sa vie de femme.
La passion frapperait à sa porte plus tard, à travers M Heger, l’un de ses professeurs lorsqu’elle était à Bruxelles.
Voici ce qu’elle écrivit à son amie Ellen. Comme quoi, elle savait très bien faire la différence entre rêves et réalité. A méditer…
« N’épousez pas un homme que vous pouvez respecter. Si vous le respectez, l’amour suivre plus tard. La passion démesurée n’est que pure folie ! Elle n’est jamais payée de retour. Et quand elle l’est, elle ne dure pas au-delà de la lune de miel. ; une fois épuisée, le dégoût et l’indifférence la remplacent rapidement. Des deux, le pire c’est l’indifférence- et que Dieu assiste la femme qui reste seule à continuer d’aimer avec passion.
Ma chère enfant, une grande passion est une grande folie. Aucune jeune femme ne devrait tomber amoureuse tant que la demande en mariage n’ a pas été faite, acceptée- la cérémonie du mariage achevée et avant que ne soient écoulés les six premiers mois de l’existence commune- alors la femme peut commencer à aimer mais avec grande précaution- très froidement – très modérément – très raisonnablement – si elle en vient à aimer son mari au point qu’un rude mot ou un froid regard de sa part lui déchirent le cœur – c’est une idiote – si elle vient à l’aimer au point que la volonté de son mari soit sa loi – et qu’elle prend l’habitude d’observer ses façons d’être afin d’aller au devant de ses désirs, elle ne tardera pas à être une idiote que l’on néglige…Ellen, Helen, Eléonore, Helena, Nell, Nelly – Mrs Vincent – Cela sonne t-il bien, Nell ? Je le crois. Je n’irai jamais vous voir, une fois que vous serez mariée. »