Neuvième livre en compétition pour le prix littéraire des hebdos en région qui sera décerné le 19 janvier prochain : « La belle amour humaine » de Lyonel TROUILLOT.
L’action se passe à Haïti, ce petit pays des Caraïbes, peut être le plus pauvre de la planète, dont est originaire l’auteur.
Une jeune femme Européenne, Anaïse, part sur les traces du père qu’elle n’a pas connu, ce dernier ayant déserté Anse à Foleur, petit village de pêcheurs, le lendemain de la disparition mystérieuse du grand père d’Anaïse et de son ami, colonel en retraite, lors de l’incendie simultané de leurs 2 maisons.
Anaïse est guidée par Thomas qui l’accompagne sur la route entre la capitale Haïtienne et le petit village de Anse à Foleur : c’est l’occasion de lui dévoiler la vie du hameau et des éléments de l'histoire familiale d'Anaïse.
L’intrigue bien que très intéressante n’est qu’un prétexte pour l’auteur qui en profite pour faire un roman humaniste et brillant sur la place de l’individu sur terre, posant la question suivante « ai-je fait un bel usage de ma présence au monde » ?
Lyonel Trouillot dresse un portrait lucide et touchant de la vie à Haïti et en profite pour arranger le portrait aux business man et aux touristes des pays du Nord se rendant sur l’île : « Un touriste c’est très souvent un portefeuille qui commente le peu qu’il voit sur un ton sans appel ».
Mais le plus intéressant est la galerie de personnages proposée par l’auteur (une grand-mère se réfugiant dans les romances, un peintre aveugle, un faiseur de lois jamais appliquées…) avec en filigrane l’idée que le plus important est le partage, la générosité entre les hommes, que « tout ce qui compte c’est le bonheur, le reste c’est des entraves ».
La belle amour humaine est une réflexion enchanteresse sur le bien et le mal : « chacun à son devoir de merveille…chacun à sa partition à jouer sur le tableau de la belle amour humaine » et d’ailleurs il est beaucoup question de peinture dans le livre, une toile représentant cette belle amour humaine.
Ce livre m’a enchanté : l’écriture de Lyonel Trouillot est à la fois poétique, musicale et accessible. L’air de rien son style s’insinue dans notre ressenti de lecteur comme un goutte à goutte dont on ne peut plus se passer jusqu’à la fin du roman.
L’histoire est belle, les décors sont magnifiés et l’être humain finalement glorifié.
Je retiendrais cette idée magique et pourtant bien réelle développée par Trouillot : « toute personne devrait être l’aide-bonheur d’une autre personne ». C’est tellement vrai mais on l’oublie hélas souvent et l’on s’en rend compte trop tard, lorsque l’amour n’est plus…
Ce livre est difficile à raconter et à ressentir donc à chroniquer mais ce fut pour moi un moment délicieux, un coup de cœur et une belle découverte dans le cadre de « ces lectures imposées » par le prix littéraire pour lequel je suis juré.
En plus il se lit vite, il est rythmé et chaque page contient un moment de finesse et de poésie alors si vous cherchez un titre pour bien commencer 2012…