Bob plane sur la plaine, he’s in love again…
Quand le ciel est clair, j’aime regarder les avions et leur traînée de poudre blanche, si agréable à l’œil et tellement nocive pour la planète.
Quand je vois un avion lancé à 800 km par heure et voguant à 10000 mètres d’altitude, je me demande vers quel ailleurs il achemine ses passagers avec autant d’aplomb. Les possibilités d’ailleurs sont infinies. On rêve tous d'un ailleurs à un moment ou un autre.
Peut être un homme fuit-il son passé, un drame familial ou un amour impossible et il se dit qu’ailleurs il prendra un nouveau départ, sans jamais se retourner ni rien regretter. Mais partir à l’autre bout de la France ou du monde pour éliminer un chagrin d’amour ou la perte d’un frère ne suffit pas : si c’était le cas il faudrait réserver ses places 20 ans à l’avance et les aiguilleurs du ciel seraient les maîtres du monde. Bien sur, le changement de lieux et de repères est propice au travail sur soi que cet homme devra mener pour se retrouver. L'ailleurs est un plus qui permet de travailler sur soi plus sereinement , mais la fuite en elle-même ne changera rien à l’histoire. C’est un ailleurs interne que va trouver ce passager et peu importe alors l’endroit de sa renaissance.
Peut être que cette femme va revoir sa famille, si loin géographiquement et si proche dans son cœur: elle est à la recherche de la source. Sans doutes qu’à mesure que l’avion perdra de la vitesse en négociant sa descente , son cœur à elle battra de plus en plus vite.
Ce couple assis là juste à coté de l’issue de secours part vivre son histoire d’amour passionnelle et condamnée par les circonstances de la vie. Même si l’avion se crashe ils auront une chance d’être les premiers à s’en échapper afin que vive leur passion dévorante.
Cette femme là au fond de l’appareil accompagne probablement sa mère pour son avant dernier voyage vers l’ailleurs de sa jeunesse, celui là même qui lui a procuré les plus beaux moments de sa vie de femme et de sa vie d’être humain.
Ces hommes d’affaires blasés qui ne prennent même plus le temps de jeter un œil à travers le hublot pour assister au spectacle éternellement renouvelé du vol au dessus des nuages, au dessus des plus hautes montagnes, vers quoi volent-ils ? Quelle tristesse de ne pas profiter de ce moment unique qui transcende les rêves et les espoirs. Le business rend aveugle et triste.
Voilà à quoi je pense lorsque je vois une trace de poudre blanche violer l’azur au dessus de moi.
Simone de Beauvoir qui fit plusieurs fois des traversées de l’Atlantique (encore risquées à son époque) pour rejoindre l’homme de sa vie (pas Sartre qui fut l’amour de sa vie, son double spirituel, sa moitié intellectuelle et humaine, mais Nelson Algren) écrivit ceci à propose des voyages en avion et de cet amour à distance : « l’avion est le seul mode de transport qui s’harmonise avec l’état du cœur : l’avion, l’amour, le ciel, la tristesse et l’espoir forment un tout ».
A chaque trajet en avion où les éléments le permettent, je ressens ce qu’elle a voulu dire.
Je vous souhaite de jolis trajets en Airbus…plutôt qu’en bus R.
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