J’arrive après la tempête : j’ai enfin lu « Les Déferlantes » de Claudie Gallay. Ce livre a obtenu pas moins de 19 prix littéraires, et un énorme succès public. C’est son sixième roman.
Je l’avoue tout de suite, j’ai dévoré les 538 pages et j’ai adoré cette histoire.
Parlons en de l’histoire : « La Hague…Ici on dit que le vent est parfois tellement fort qu'il arrache les ailes des papillons. Sur ce bout du monde en pointe du Cotentin vit une poignée d'êtres humains C'est sur cette terre âpre que la narratrice est venue se réfugier après un deuil. Employée par le centre ornithologique, elle arpente les landes, observe les falaises et leurs oiseaux migrateurs. La première fois qu'elle voit Lambert, c'est un jour de grande tempête »
« Les Déferlantes » brosse le portrait croisé d’êtres humains enfermés dans leur solitude, hantés par l’amour et par la mort. Cette solitude est exacerbée par la mer en furie. Le personnage principal est le vieux Théo, l’ancien gardien du phare. On trouve également deux vieilles rivales a moitié folles (Nan et La mère), une tenancière d’auberge détentrice de lourds secrets (Lili), un sculpteur possédé par son art et sa sœur avec laquelle il entretient une relation fusionnelle (Raphaël et Morgane).
Mais ce livre est avant tout une histoire romanesque à souhait : on y trouve les histoires enfouies du passé, les amours cachées, les naufrages en mer, des morts encore bien vivants et des vivants déjà un peu morts. La mémoire est tenace comme le sont les habitants du Cap de la Hague.
Claudie Gallay magnifie la mer et les paysages de la Hague. La nature est omniprésente et vole parfois la vedette aux personnages.
Ce livre se lit quasiment d’une traite, le suspens est maintenu de bout en bout même si les rebondissements et la fin sont à mon goût trop prévisibles.
Les personnages sont incroyablement humains et attachants.
L’écriture de Claudie Gallay est simple mais particulière : il n’y a pas de gras. Son approche est totalement visuelle. Elle écrit de manière un peu psychotique voire autiste parfois (j’utilise ces mots sûrement à tort mais c’est mon ressenti), répétant souvent « il a dit cela » ou « c’est ce qu’il a dit. Le style est épuré, l’auteur s’offre le luxe de faire des phrases qui n’en sont pas, sans verbes. Elle laisse parler les silences et les intériorités des personnages.
J’ai beaucoup aimé « Les Déferlantes », il y a dans ce livre l’essentiel comme Raphaël le sculpteur qui essaye de faire« du juste avec de l’injuste, de la passion avec de la misère ».
Comme ces mots : « Il y a des rencontres qui se font et d’autres, toutes les autres qui nous échappent, nous sommes tellement inattentifs. Parfois nous croisons quelqu’un, il suffit de quelques mots échangés, et nous savons que nous avons à vivre quelque chose d’essentiel ensemble. Mais il suffit d’un rien pour que ces choses là ne se passent pas et que chacun poursuive sa route de son coté ».
Pour une fois, j’adorerais voir une adaptation cinématographique du livre. J’ai vraiment aimé ce roman. C'est ce que je dis.