Emilie se prépare à fêter ses 25 années de mariage. Elle tombe sur une annonce dans un journal. Cette annonce, signée de son premier amour, Dario, semble s'adresser à elle sans la nommer. Emilie décide de le rejoindre à Gènes où il vit depuis près de 30 ans. Elle part immédiatement de chez elle sans donner d'explications à Marc, son époux.
On va suivre Emilie sur la route qui la ménera à Gènes puis au fameux Dario, ce premier amour, peut être l'amour d'une vie...
Dit comme ça, l'histoire à l'air banale et mille fois traitée en littérature romanesque. Oui, sauf que Véronique Olmi en fait une histoire palpitante, sensible, troublante qui dresse un somptueux portrait de femme.
Le premier amour interpelle le lecteur, l'humain, l'homme ou la femme, le dérange dans ses certitudes quasiment à chaque page.
Je n'en dirais pas plus, j'en ai déjà beaucoup dit sur Véronique Olmi qui est la vraie rencontre littéraire de cette année en ce qui me concerne. J'adore cette auteur.
Voici un long extrait que je trouve fantastique...quel talent !
" J' avais besoin d'appeler Marc. Besoin de cette familiarité qui m'aiderait à me recentrer, besoin soudain de cet homme et de la connaissance qu'il avait de moi. Je voulais lui dire ce que peut-être je ne lui avais jamais dit. Que je n'avais couru après une vie simple que parce que j'étais moi-même éparpillée, j'avais eu besoin de l'ancrage d'un mari pour ne pas voler en éclat et je n'étais sans doute pas plus faite pour cette vie-là, épouse et mère de famille, que pour mille autres, carmélite, reporter de guerre, lesbienne, artiste, caissière, modèle, écuyère, mère célibataire bohème et affranchie, amante unique et toujours célébrée par un homme qui ne m'aurait jamais fait d'enfant, ou bien simplement tout cela était-il trop long pour moi, j'étais faite pour me brûler les ailes et disparaître, comme les papillons de mon père.
J'aurais regardé du ciel ma mère et sa jeunesse, mon père et son grand âge, et je n'aurais pas voulu naître de ces deux-là, je serais repartie pour revenir plus tard, ailleurs, sous la forme d'une lumière semblable à celles que l'on découvre parfois en haut des routes, au sortir d'une forêt, qui surprend et ravi. J'aurais voulu être une bonne nouvelle. J'aurais voulu être une accalmie. Un grand repos. J'aurais voulu être une seconde, celle où l'on sent le bonheur, le joie dans l'harmonie. Et puis mourir. J'aurais voulu être le contre-ut. Le chef-d'oeuvre. L'idée géniale. Et renaître ailleurs. Dans la sève. La marée montante. Le vol plané de l'aigle. Ou le bruissement d'ailes des hirondelles, quand elles volent bas près des étangs, et que le soir descend, humide et tranquille. Voilà ce que je voulais dire à Marc, le besoin de l'instant et de la beauté, et rien d'autre".
Le premier amour de Véronique Olmi est en compétition pour le Prix Mind The Gap 2014.