Que sait-on vraiment d’une personne, même si elle est très proche de soi ?
Pour reprendre un mot de Jonathan Tropper : « la seule chose certaine, c’est qu’on ne sait jamais rien de l’autre ».
Comme c’est difficile de se montrer tel que l’on est, de montrer sa vérité intime. On se protège en permanence, on a nos cuirasses, nos armures et nos masques et simplement lorsqu’on étouffe trop, on est obligé de les enlever.
Pour reprendre une anecdote de Jeanne, quand gamins on mettait les horribles masques en plastique pour le carnaval, au bout d’un moment, on était en sueur et ça empestait au point de devoir les ôter rapidement. C’est pareil dans la vraie vie : on garde le masque autant que possible mais pour aimer, un jour il faut l’enlever.
On n’est jamais ou presque ce que l’on a l’air d’être. Les comportements ou les paroles font diversion. Il n’y a que les yeux qui ne peuvent pas tricher, et apprendre à lire les regards et à déchiffrer les yeux permet de se rapprocher de l’âme. Quand un être dit quelque chose mais que ses yeux disent autre chose, c’est toujours aux yeux qu’il faut se fier. Et c’est précisément quand il y a un tel décalage que l’autre devient intéressant(e). On a envie d’en savoir plus, de comprendre davantage pourquoi cet autre se protège tellement : que cache t-il ? Pourquoi a t-il peur ? Chaque individu a des trésors bien enfouis. Parfois même il ignore qu’il recèle autant de trésors.
C’est devenu un lieu commun que de le dire mais pour moi les yeux sont la porte d’entrée de l’âme, du moi intime et de la vérité d’une personne. Il faut avoir pleinement confiance en l’autre pour se dévoiler et se livrer tels que nous sommes. On ne décide pas d’avoir confiance en l’autre, ça vient ou ça vient pas. Quand c’est le cas alors tout peut arriver entre deux êtres. La probabilité pour qu’ils se croisent un jour et se reconnaissent est si faible que lorsque ce miracle se produit on peut être déstabilisé.
Etre soi, dire la vérité, tomber les masques, de pas calculer, se montrer tel que l’on est vraiment est un luxe. Pouvoir partager avec l’autre des confidences intimes est un luxe, qui parfois se paye : à vouloir trop de mettre à poil on finit par y laisser des plumes.
Pouvoir être vraiment soi au quotidien et dans la vie de couple est une prouesse : même après quinze ans de vie commune, que sait-on vraiment de l’autre ? As t-on envie de savoir d’ailleurs, d’approcher la vérité intime de sa moitié ? Au contraire ceux qui arrivent à rester tente ou quarante ans ensemble ont peut être choisi de ne pas savoir qui était vraiment l’autre. C’est plus simple de s’arrêter à ce qui nous va, ce qui permet de vivre en équilibre sans chercher à aller au-delà. Nos parents ou grand parents se posaient sûrement moins de questions…mais parfois ils auraient dû.
Et sur un blog, que fait-on d’autre sinon que de laisser quelques indices sur notre vérité d’être humain ? Les écrivains et les auteurs vont plus loin dans ce jeu de pistes mais même à travers une œuvre, que sait-on vraiment d’eux ?
On ne sait jamais grand chose des autres…c’est ainsi.